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15 février 2013 5 15 /02 /février /2013 21:40

(Suite)

Le réveil spirituel n'est jamais un phénomène spontané, il est motivé, justifié, ressenti et visible par tous

 

Au cours de deux dernières décennies, les Africains et Afro-descendants ont beaucoup spéculé sur le réveil spirituel. Ils l'ont presque partout trouvé, l'essentiel est qu'il y est la bible, la foule, les transes et les prédicateurs zélés. Un réveil spirituel est un moment de béatitudes. Il faudrait pour cela relire Mathieu 5v3-12 et Luc 6v20-23. Dans ce Sermon sur la Montagne ou Sermon dans la plaine, Jésus, le Maître du christianisme révèle ce que c'est un réveil spirituel. Un réveil spirituel est une transfiguration. Les réveillés et ceux qui les observent sont surpris par le changement qui s'est produit : ils ne se reconnaissent plus, ils ne les reconnaît plus. C'est toute la société qui sort de sa léthargie. Le réveil spirituel ne peut pas concerner que quelques individus.

 

Au début du XXème siècle, et tout au long du XXème, pour être précis, des grands prophètes africains ont intensément vécu cette expérience mystique de réveil spirituel. Deux exemples concrets parmi tant d'autres nous restent en mémoire : ceux des prophètes Simon Kimbangu et Simaô Toko. Il n'y a pas eu, depuis que l'on parle de réveil spirituel de cas semblables. D'ailleurs, c'est très étonnant de constater que ces deux prophètes, qui ont accompli des miracles semblables à ceux accomplis par Jésus-Christ, le Maître dont ils sont les disciples déclarés, ne sont pas connus, reconnus et respectés par les Eglises de réveil. Que savent-elles alors du réveil ? Si ce qui fut accompli par ces deux grands prophètes n'est pas le réveil et n'est pas biblique, qu'est-ce qui est alors biblique ? Comment se fait-il que des réveillés n'ont pas pris conscience de ces faits historiques ? Pourquoi sommes-nous incapables de témoigner ? Si c'est pour Christ que nous roulons, pourquoi nous ne témoignons pas comme ses apôtres. Les apôtres ont vécu Christ selon leur culture née en Égypte pharaonique, là où ils ont tout puisé. C'est l'occasion de révéler ici que tous ces grands personnages des religions dites monothéistes ont séjourné dans ce pays avant de devenir ce qu'ils sont devenus dans l'histoire. Le christianisme est une domestication de l'enseignement spirituel de l’Égypte antique. Jésus-Christ lui-même y a vécu, y a été éduqué et y a presque grandit. Ce n'est pas le sujet ici mais n'est-il pas opportun de signaler que le roi Hérode Antipas, qui voulut le tuer, obligeant ses parents de fuir en Égypte mourut en l'an 26 de notre ère. Or, Jésus-Christ fut crucifié le 7 avril 30 de notre ère. Jésus-Christ semble n'avoir jamais quitté l'Egypte avant 26. Il a donc grandit dans ce pays très religieux et y avoir tout ou presque appris.

 

Prendre conscience de la situation ou de son état

 

En kikongo, le terme conscience veut dire ntemo, lumière. Le réveil spirituel est donc une illumination. Celui qui vient de se réveiller est celui qui sort de son inconscience. Souvenons que c'est par la lumière que la Création du monde pris un tournant. Dieu dit, selon les cosmogonies bantoues confirmées par la bible : « Que la Lumière soit ! Et la lumière fut ! ».

 

Voici ce qu'il faut retenir à propos de la Lumière dans la Bible et le Coran, qui sont les deux principaux textes sacrés des monothéismes.

 

Dans la Bible, il est écrit :

 

Dieu dit: Que la lumière soit! Et la lumière fut ... ce fut le premier jour. De quelle lumière s'agit-il?

 

En lisant le miracle de la création dans le livre de Genèse 1v3-5
Dieu dit: Que la lumière soit! Et la lumière fut.
Dieu vit que la lumière était bonne; et Dieu sépara la lumière d'avec les ténèbres.
Dieu appela la lumière jour, et il appela les ténèbres nuit. Ainsi, il y eut un soir, et il y eut un matin: ce fut le premier jour.


Mais les versets 15 à 19 eux précisent:
et qu'ils (les astres) servent de luminaires dans l'étendue du ciel, pour éclairer la terre. Et cela fut ainsi.
Dieu fit les deux grands luminaires, le plus grand luminaire pour présider au jour, et le plus petit luminaire pour présider à la nuit; il fit aussi les étoiles.
Dieu les plaça dans l'étendue du ciel, pour éclairer la terre,
pour présider au jour et à la nuit, et pour séparer la lumière d'avec les ténèbres. Dieu vit que cela était bon.
Ainsi, il y eut un soir, et il y eut un matin: ce fut le quatrième jour.

 

Dans le Coran, il est écrit :

 

La vraie Lumière c'est Dieu: Coran: Sourate 24 "La Lumière"

35. Allah est la Lumière des cieux et de la terre. Sa lumière est semblable à une niche où se trouve une lampe. La lampe est dans un (récipient de) cristal et celui-ci ressemble à un astre de grand éclat; son combustible vient d'un arbre béni : un olivier ni oriental ni occidental dont l'huile semble éclairer sans même que le feu la touche. Lumière sur lumière. Allah guide vers Sa lumière qui Il veut. Allah propose aux hommes des paraboles et Allah est Omniscient.

 

Nous reviendrons dans une prochaine étude sur l'importance de la Lumière pour ceux qui veulent découvrir la place de l'Afrique en général et du Kongo en particulier dans la genèse du fait religieux. Nous avons préfacé et éditer l'ouvrage du Pasteur Melo Nzeyitu Josias intitulé Jésus l'Africain le Vrai Grand Secret de Fatima, dans lequel une partie de ces problématiques sont évoquées. (Melo Nzeyitu Josias, Jésus l'Africain le Vrai Grand Secret de Fatima, Pyramide Papyrus Presse, Paris, 2002). Dans la préface à cet ouvrage que nous avons (Mawete Makisosila, Un moment solennel, in Melo Nzeyitu Josias, op.cit.), nous avons parlé de Jésus rapatrié contre l'idée d'un Jésus apporté par les Colons, tout déformé, méconnaissable, à qui les Églises de réveil font confiance. Le Christ auquel les Églises dites de réveil adorent est celui que tous reconnaîtrons dans Recommandations aux missionnaires en partance pour le Kongo faite par le Roi Léopold II des Belges en 1885. (cfr. in internet et annexe 1 du présent ouvrage).

Non, le réveil en Christ ne peut pas être accompagné des désordres et de la servitude. Nous avons précédemment posé une série de questions pour savoir s'il ya vraiment un réveil spirituel, qu'est-ce qui explique tous ces excès, abus, mensonges, guerres, égoïstes, narcissismes, duperies, etc. les prostituées africaines et leurs clients, les pilleurs des ressources et richesses de l'Afrique sont-ils réveillés ? Ceux qui disent des faux témoignages sont-ils encore endormis ? La Bible n'enseigne-t-elle pas que « tu ne diras pas diras pas de faux témoignages contre ton prochain » ; « tu ne convoiteras pas la maison de ton prochain... » (Exode 20v2-17 et Deut. 5v6-21 selon la traduction de Louis Segond).

 

Le réveil spirituel est une expérience de transformation et de transfiguration

 

Nous continuons sur le lien génétique entre la lumière et le réveil spirituel. Il ne faut pas faire dire à la Bible n'importe quoi. La crise dans laquelle est plongée la société africaine en ce début du troisième millénaire s'explique en grande partie par la confusion qui règne entre religion et spiritualité, entre l'accès aux Écritures et l'ignorance de la culture africaine. La Bible est une culture. Qu'est-ce que la culture ? De notre point de vue, la culture n'est pas, comme le disait l'homme politique français Edouard Henriot « ce qui reste quand on a tout oublié ». Pour nous (Mawete Makisosila, 2000), « La culture est l'ensemble de valeurs transmises des ascendants aux descendants sans le consentement des descendants ». Beaucoup de chercheurs ont adopté notre définition parce qu'elle décrit la culture telle qu'elle est pratiquée dans toutes les espèces vivantes. La culture n'est donc pas ce qu'on remet en cause lorsqu'on est âgé ou quand bon nous semble ou sur incitation ç la révolte d'un peuple étranger. Au contraire, la culture est ce que l'apporte, en vue de l'enrichir à sa tradition, afin de l'adapter aux contingences contemporaines. La culture est une richesse que tout peuple conscient et digne célèbre, respecte, préserve et transmet effectivement avec fierté.

 

Le réveil spirituel que nous vivons en Afrique se manifeste par un manque de conscience et de dignité. Il est une assimilation. Il est une névrose collective. Il représente la maladie de ceux qui ne sont pas fiers d'eux-mêmes. Pourquoi les membres des Eglises de réveil perdent leur discernement face à la culture africaine ?

 

Le problème posé par le réveil spirituel est la remise en question complète de la culture africaine

 

C'est ainsi depuis la Recommandation de Léopold II aux missionnaires en partance pour le Kongo. Nous n'avons pas hésité de qualifier ce testament théologique léopoldien de « théologie de la servitude ». C'est un détournement pur et simple des béatitudes ou sermon sur la montagne. Le mouvement de réveil spirituel n'est pas endogène et autonome. Il résulte d'une manipulation des consciences. Il s'avère que les initiateurs du réveil spirituel sont les pasteurs américains. Alors, il se pose à nous Africains et Afro-descendants la question de savoir de quel sommeil veulent-ils nous sortir ? À quoi ressemble pour eux un sommeil spirituel ?

 

La problématique du réveil spirituel peut être retournée à ceux qui l'ont apporté. Quel réveil spirituel exemplaire connaît l'Amérique et l'occident, qui peut nous ramener à Christ ? Pourquoi les éveilleurs spirituels n'ont pas dénoncé la Recommandation de Léopold II aux missionnaires en partance au Kongo qui est un outrage au Christ ? Ils ne nous diront pas qu'ils ne connaissent pas ce texte fondateur de toute l'action missionnaire menée depuis quelques siècles déjà en Afrique.

 

Jésus enseignait qu'il n'est pas venu abolir mais il est venu accomplir. Il y a tellement des bonnes intentions dans le Décalogue, dits aussi Les dix paroles ou dix commandements qui nous auraient évité de vivre dans un monde si dangereux si un réveil spirituel s'était produit. Les pasteurs américains devaient commencer par secouer la conscience spirituel léthargique de leur peuple. Il en est de même de tous les missionnaires qui trouvent en Afrique un lieu où ils peuvent soulager leur conscience. Ils viennent pas encourager des coutumes, des traditions et des mœurs africaines particulièrement conformes à la Bible, qui est leur propre livre. Ils viennent détruire la culture africaine, la substituer par leur culture. Quels péchés avons-nous évité en renonçant à notre culture ? La Bible n'enseigne-t-elle pas « Honore ton père et ta mère pour que tes jours se prolongent ? » Nous devrons nous sentir interpellés par ce sixième commandement car la conversion n'a pour autre finalité que nous guider vers les béatitudes. Un peuple spirituellement réveillé est un peuple digne. Sommes-nous fiers de notre réveil spirituel? Nous reprendrons cette problématique dans notre ouvrage qui sera intitulé Nos péchés font la richesse des autres nations (à paraître en mars 2013). Dans tous les cas, en nous éloignant de notre culture, nous nous sommes éloignés de la Bible. Notre culture, et celle qu'on nous impose, ne nous donnent plus le moyen de vivre dans l'harmonie. Combien de couples des Eglises de réveil ne se séparent pas chaque jour pour les biens de ce monde ? Combien d'enfants ne sont pas dépistés sorciers et jetés dans la rue, abandonnés à eux-mêmes par leurs parents et pasteurs réveillés ?

 

Jésus-Christ, le Maître des vrais Réveillés, sauvaient tous les captifs qui se présentaient à lui. Il ne jugeait et ne condamnait pas mais guérissait, pardonnait et demandait aux captifs libérés d'aller mieux vivre. Il disait souvent : « vas, ta foi t'a sauvé, pèche plus » (Luc 7v50). C'est pour cela que nous le suivrons toujours. Il a fait pour les hommes ce qui est humain (Dr Anthony Mobejo, Le véhicule de ta destinée, Pyramide Papyrus Presse, Paris, 2011). Les serviteurs de Dieu ont-ils droit d'envoyer les enfants sorciers dans la rue ? Est-ce un exemple encourageant ?

 

L'apôtre Paul, auteur des épîtres qui font foi en matière de doctrine, le plus cité et suivi par les chrétiens pratiquants, fut un juif de culture romaine. Il s'était converti en demeurant romain de culture. Comme les témoignent tous les pères de l’Église (selon le dictionnaire Larousse, le titre de « Pères de l'Église » a été attribué à certains auteurs chrétiens qui ont : 1. vécu durant les premiers siècles du christianisme; 2. vécu en état de sainteté ; 3. professé la doctrine chrétienne dans leurs écrits ; 4. reçu l'approbation de l'Église.), ils s'étaient tous convertis sans rompre aucun lien avec leur culture. La culture n'est pas une source de péchés mais une ressource et richesse gratuitement reçue de Dieu afin que chaque peuple puisse rester en contact avec lui et le célébrer. Une culture est conforme à la volonté de Dieu lorsqu'elle ne constitue pas une source de conflit. L'harmonie apportée par la culture symbolise l'accomplissement de la volonté de Dieu. Le Sermon sur la montagne déjà évoqué confirme ainsi notre propos.

 

L'académicien français Alain Décaux, dans son magnifique essai intitulé : L'Avorton de Dieu, une vie de Saint Paul (Alain Décaux, L'Avorton de Dieu, une vie de Saint Paul,éd. Perrin, Paris, 2005) décrit cette attitude pleine de constance de ce grand serviteur de Dieu. Le cas de l'apôtre Paul est l'exemple humain de ce que l'on doit qualifier de réveil spirituel. Paul qui s'est converti sur le chemin de Damas où il partait persécuté les Chrétiens témoigne : « 'il m'est apparu à moi, l'avorton, car je suis le plus petit des apôtres ». Quelle modestie et lucidité de la part de Paul !

 

La nature des problèmes qui se posent aux hommes de notre temps n'est pas différente de ceux qu'avaient connus à leur époque les personnages bibliques. Leurs joies et peines sont actuelles. Ils sont su, par contre, conscients de leur culture et de leurs défis, faire la part de Dieu et la part des hommes. Ils ne se préoccupaient pas trop de Satan comme nous l'entendons dans les Eglises de réveil. C'est seulement dans les Églises de réveil qu'on se préoccupe trop de Satan ou Diable. Satan est un sujet de diversion. C'est encore Léopold II, d ans sa recommandation déjà citée qui a ordonné aux missionnaires de rechercher fétiches et sorciers.

 

Comment oublient-on, Jésus-Christ a montré l'exemple, c'est en se ressuscitant, en se transformant au cours de son œuvre et en se transfigurant que Jésus-Christ a profondément convaincu ses disciples et les auditeurs de son temps ? N'est-ce pas par l'exemple que tous l'ont reconnu comme le fils de Dieu ? Non, il n'y a pas eu de réveil spirituel mais uniquement un choc des cultures (Samuel Huntington, Le choc des civilisations(The Clash of Civilizations and the Remaking of World Order), Odile Jacob, Paris, 2007). Il n'y a donc aucune fierté et gloire à défendre le réveil spirituel.

Sekomoka, se ressusciter, se transfigurer

 

Jésus a vécu l'expérience de la transfiguration devant trois de ses disciples. Les évangélistes ont témoigné pour avoir été témoins. Dans le cas présent, le réveil spirituel implique l'addition de ntemo, conscience, lumière et donc Dieu et sikama, réveil. Le réveil spirituel est donc nsikama a kinzambi. Le réveil spirituel est un réveil selon la volonté de Dieu. Ce n'est pas n'importe quel réveil. Ce n'est pas un fait biologique.

 

Un réveil spirituel effectif doit correspondre théoriquement et pratiquement à l'amélioration d'une situation antérieure qui n'est jamais clairement évoquée dans les débats autour de cette problématique. On se rappellera que les esclaves en transportés en Amérique et Europe par les Négriers étaient baptisés contre leur volonté. Ce baptême forcé était une des principales ordonnances des commanditaires de la traite négrière. C'était un rituel destiné à se faire bonne conscience d’œuvrer pour Jésus. Selon les Actes des Apôtres, Jésus avait prescris : « Faites de toutes les nations des disciples » (Mathieu 28v19 Allez, faites de toutes les nations des disciples, baptisez-les au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit,20et enseignez-leur à garder tout ce que je vous ai prescrit. Et voici, je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la fin du monde.)

 

Une conversion sans consentement conscient (éclairé) constitue une contrainte politique. Le pire est encore une conversion naïve, par incitation ou par mode. C'est le cas de la théologie léopoldienne. La recommandation de Léopold II aux missionnaires en partance au Kongo ne fut en fait qu'une politique politicienne. Son abus des Saintes Écritures a certainement outragé Jésus comme l'avait écris Assani Fassassi (Assani Fassassi, op. Cit.). Les croisades d'évangélisation menée tambour battant ne correspondent pas à l'enseignement du Christ car elles ne transforment pas les convertis et l'auditoire.

Un réveil spirituel produit un peuple nouveau

Un peuple nouveau dans sa vision du monde et nouveau dans ses pratiques sociales. Or, tout le monde reconnaît que les mœurs des Africains se sont dégradées pendant que l'on crie au réveil spirituel. S'il y a effectivement réveil, qui font les guerres, qui violent les femmes et les enfants, qui tuent, qui pratiquent l'égoïsme, mentent, trichent les élections, répudient leurs femmes ou leurs maris, se montrent incapables d'élever leurs enfants, découvrent des enfants sorciers et les transforment en enfants de la rue ? La liste de questions est si longue à tel point qu'elle vide de tout son contenu, la ferveur du réveil spirituel tel que l'entendent ceux qui rêvent à une Afrique merveilleuse. Non, le réveil spirituel ne dégrade jamais ceux qu'ils transforment, transfigurent, faits des nouveaux êtres.

Les Etats africains tolèrent « un réveil spirituel sans lendemain », qui les empêchent de poursuivre et d'atteindre leurs objectifs légitimes et légaux. La renaissance africaine prônée par le prophète Simon Kimbangu à travers le mouvement kintuadi (unité et union, communion totale) fut à la fois un mouvement exceptionnel et exemplaire de réveil spirituel. Celui-ci a abouti près de 40 ans après à l'indépendance du Kongo et de la majorité des États africains.

C'est un mouvement de réveil spirituel d'une grande ampleur, le panafricanisme, dont le kintuadi donne un contenu conceptuel et philosophique majeur qui déclenché cette révolution de mentalités ayant apporté la libération spirituelle que certains corrompent par le réveil spirituel.

 

Le réveil spirituel mené par les Eglises de réveil

 

Le réveil spirituel entrepris par les croisades d'évangélisation le courant chrétien protestant appelé « Églises de réveil », par exemple, qui sème le doute et le trouble au sein de la société africaine, se manifeste visiblement par les conversions de masse et la multiplication à l'infini du nombre d'églises, de lieux de culte et de serviteurs de Dieu à travers l'Afrique.

 

Les serviteurs de Dieu se satisfont malheureusement de cet accroissement quantitatif stérile. Le réveil spirituel n'est pas pensé quantitativement, il doit être pensé aussi et avant tout qualitativement. La Parole dit que l'on reconnaît un arbre par ses fruits. Mais fruits le réveil spirituel a-t-il produit ? Un serviteur de Dieu se vantait il y a deux décennie environ d'être un ministre de Dieu, au même statut social que le ministre du monde. Et d'ajouter qu'il est fier de m'annoncer que « Jésus recrute ».

 

Jésus recrute

 

« Jésus recrute » m'a affirmé un ministre de Dieu, tout fier de lui. « Il y a donc actuellement une grave crise de la foi ?» lui avait-je rétorqué à l'époque. « Car, selon nos observations, Jésus ne recrute que pour faire face à une augmentation exponentielle de pécheurs. Il montré l'exemple par sa propre pédagogie du recrutement de ses disciples. Un recrutement massif de serviteurs de Dieu répond à une urgence. Cette urgence est la dégradation des mœurs représentée par l'abandon des coutumes africaines» lui avais-je fait remarquer. La nature a horreur du vide. Le réveil spirituel comble un grand vide. Chacun veut entrer au ciel avec un autre. Ce qui est louable.

 

Depuis ce temps, le marché de l'emploi n'a cessé de prospérer. Jésus continue à recruter. De même, le marché du péché n'a jamais été si florissant. Les causes des conflits des logiques et des guerres n'ont jamais été plus banales et nombreuses. De même, les moyens de destruction massive de la vie n'ont jamais été aussi sophistiqués. Ce qui laisse penser que le marché de l'emploi des serviteurs de Dieu représente un grave problème anthropologique, social, économique et financier pour la société africaine. La confusion entre réveil spirituel et sommeil spirituel existe. Le marché de l'emploi des serviteurs de Dieu doit être régulé par les pouvoirs publics pour répondre effectivement à sa finalité spirituelle.

 

Extrait de la Bulle du Pape Nicolas V, 8 janvier 1454.

"Nous avions jadis, par de précédentes lettres, concédé au Roi Alphonse, entre autres choses, la faculté pleine et entière d’attaquer, de conquérir, de vaincre, de réduire et de soumettre tous les sarrasins (c-a-d les Nègres), païens et autres ennemis du Christ où qu’ils soient, avec leurs royaumes, duchés, principautés, domaines, propriétés, meubles et immeubles, tous les biens par eux détenus et possédés, de réduire leurs personnes en servitude perpétuelle (...) de s’attribuer et faire servir à usage et utilité ces dits royaumes, duchés, contrés, principautés, propriétés, possessions et biens de ces infidèles sarrasins (nègres) et païens (...)

Beaucoup de Guinéens et d’autres Noirs qui avaient été capturés, certains aussi échangés contre des marchandises non prohibées ou achetées sous quelque autre contrat de vente régulier, furent envoyés dans les dits Royaumes "

 

L'explosion de vocations africaines au moment où une crise de vocations sans précédent frappe l'Occident est inquiétante pour l'Afrique. Au rythme où ils se convertissent, les Africains resteront les seuls croyants au monde dans les prochaines décennies ou siècles. Il n'est question de juger ici s'il s'agit d'une bonne ou une mauvaise nouvelle. Le problème est que ce réveil ressemble de plus en plus à un sommeil anthropologiquement et sociologiquement. Les serviteurs de Dieu africains ne savent pas que c'est le sous-développement durable visible qui explique le réveil spirituel. Ce réveil spirituel tant vanté ressemble beaucoup plus à une planque.

Au début du Xxème siècle, les marxistes affirmaient que « La religion est l'opium du peuple ». Ils n'ont probablement pas eu tort : le réveil spirituel africain apparaît comme un opium du peuple. Si c'est cela qui se passe, alors, c'est très grave pour l'Afrique. Les serviteurs de Dieu sans culture africaine peuvent-ils correctement aider l'Afrique à connaître le bonheur social, traiter les causes des péchés qu'ils fustigent.

Ce mouvement de réveil spirituel touche simultanément toutes les religions présentes en Afrique. Il va de soi que la compétition est rude, très rude. C'est ainsi que le prosélytisme a atteint son apogée. On assiste sans le dire ouvertement à une guerre des religions qui affrontent les trois monothéistes entre eux et les trois monothéistes contre les spirituelles authentiques africaines. Les conflits touchent les différents courants dogmatiques de chaque monothéisme et de tous les monothéismes. La situation est donc compliquée et ne cesse de se compliquer.

 

La rupture de ces Africains pratiquants les trois monothéismes avec la culture africaine est un héritage de la théologie de la servitude élaborée par Léopold II Roi des Belges. Sa théologie de la servitude a inspiré toute la théologie missionnaire coloniale en Afrique. Les témoignages, l'abondante littérature et iconographie attestent de manière concordante la communauté de malfaisance de ce colonialisme spirituel. Ces documents pour la mémoire et l'histoire sont indispensable pour l'institution d'une théologie de la libération.

 

Le phénomène dit de « réveil spirituel » se caractérise par l'unité de son discours et la continuité de ses pratiques. Il s'agit sur le plan phénoménologique d'un vaste mouvement d'assimilation néocolonialiste. En effet, ce mouvement ne concerne pas que la dimension spirituelle de la culture africaine, il est un mouvement global qui s'attaque à tous ses fondements. La conversion devient un renoncement de tout lien affectif avec la culture africaine. La conversion se fait désarmement culturel. Les convertis sont doublement incultes : ils savent peu de choses de la culture occidentale et semble tout ignorer de l'essence de la culture africaine. Leur situation est psychopathologique : elle ressemble à une névrose collective.

 

La théologie de la servitude est un véritable testament théologique d'un monarque de pouvoir divin, édicte les Actes des Apôtres occidentaux en Afrique. Il s'agit de sa Recommandation aux missionnaires en partance pour le Congo, qui date de 1885, année du partage de l'Afrique par les puissances coloniales européennes lors de la Conférence de Berlin (lire l'Annexe 1 du présent ouvrage).

 

La Recommandation aux missionnaires en partance pour le Congo a causé un véritable choc des cultures. Les cultures coloniales européennes se confrontent aux cultures africaines authentiques depuis le XVème siècle. Plusieurs actes de barbarie ont été commis par les missionnaires pour le compte de leurs États mais également pour le compte de Dieu par son fils Jésus-Christ, le Maître de l’Église. C'est se demander comment les croyants d'un même Dieu et d'une même religion ne sont jamais parvenus à faire l'unanimité leurs interprétations de la Parole et leurs comportements dans les contrées où ils sont partis évangéliser.

 

Le réveil spirituel produit des croyants frustrés. Il contribue de manière déterminante à un sous-développement durable visible. Ces croyants frustrés qui ne se sentent pas de ce monde tout en vivant dans le monde sont victimes d'un grave dilemme. Preuves à l'appui, nous leur démontrons que « Nos péchés font le bonheur social des autres peuples. » (Mawete Makisosila,  Nos péchés font le bonheur social des autres peuples, Pyramide Papyrus Presse, Paris, 2013).

 

La frustration est due au fait que ceux sollicitent constamment les deux cultures opposées malgré leur préférence pour la culture occidentale. Ils ne semblent appartenir totalement à aucune de ces deux cultures : ils naviguent à vue, et ne sont finalement satisfaits d'aucune selon les circonstances immédiates.

Ils sont d'apparence africaine et d'esprit, d'âme et de conscience occidentales mais ils sont de géographies et de nationalités prévues par les chancelleries africaines. Pourtant, ils vivent les mêmes discriminations et exclusions subies par toute l'humanité nègre. C'est ce dilemme que le professeur Frantz Fanon a décrit dans Peau noire masque blanc et les Damnés de la terre. Cette méfiance de ce qu'ils considèrent à tort comme la culture de Satan engendre obligatoirement l'oubli des rites et rituels, des langues maternelles africaines et de leur vision du monde.

Dans leurs langages et comportement ambivalents, ils considèrent encore la culture occidentale comme une culture divine à travers la bible qu'ils sont apportée aux Africains et la culture africaine comme une culture satanique ou diabolique. D'ailleurs, toute la culture africaniste est ambivalente, comparatiste, fait une observation à deux entrées : contenant la part de Dieu et la part de Satan.

Ce qui appartient à Dieu produit le développement, le progrès scientifique, technique et socio-économique. Ce qui appartient à Satan produit le sous-développement durable visible, l'ignorance, les superstitions, la pauvreté, la misère, les épidémies telles que le sida et la fière Ebola, le retard mental, le sous-développement durable visible.

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